Pour les patients qui souffrent de douleur chronique, qu’il y ait un diagnostique ou non, la kinésithérapie ne doit plus se contenter de « soulager les douleurs ». Certaines maladies, ou certaines phases de vie sont imprégnées de douleur, quoi que l’on fasse. Il ne suffit plus de trouver la bonne méthode, (même si bien sur ce facteur est toujours important, pour trouver l’approche qui convient à chacun). Il devient important d’apprendre à vivre avec la douleur, et surtout de ne pas laisser le cercle vicieux de la douleur s’installer. 

En effet, la douleur chronique peut entraîner un épuisement général, affectant à la fois les capacités physiques et psychologiques, et créant un cercle vicieux de stress chronique et d’hypersensibilité. La douleur a ainsi des dimensions physiques (sensorielles) et émotionnelles. Elle peut faire peur, elle peut nous remplir de colère contre ce corps qui n’arrive plus à bouger sans douleur, ou dont ses capacités diminuent. Reconnaître les dimensions émotionnelles ne veut absolument pas dire que la douleur est « psychologique ». Reconnaître les dimensions émotionnelles de la douleur, c’est reconnaître ses impacts psychologiques.

Dimension sensorielle dans la gestion de la douleur chronique

La chronicisation de la douleur est souvent en lien avec un processus inflammatoire chronique qui affecte les circuits neuro sensoriels. Une sensation normalement non douloureuse devient douloureuse. La douleur peut alors prendre toute la place dans la vie sensorielle, pratiquer des méthodes qui permettent de réinvestir la vie sensorielle du corps autrement que par la douleur pourra alors permettre de retrouver plus d’équilibre intérieur, même si ces pratiques n’agiront pas toujours directement sur la douleur. 

La dimension émotionnelle de la douleur chronique

Comme écrit précédemment, tenir compte de la dimension émotionnelle de la douleur c’est avant tout reconnaître les impacts psychologiques de la douleur au quotidien. Les personnes qui souffrent de douleurs chroniques entendent souvent : 

– fait plus d’efforts

– il faut faire avec

– bouges toi ça ira mieux…

Mais la réalité de la douleur chronique est très souvent male comprise et écoutée. Les soins thérapeutiques offrent ainsi un espace d’accueil pour chaque personne peut être accueillit dans sa réalité, son rapport unique à son corps et son vécut.

La dimension émotionnelle de la douleur peut aussi avoir un autre sens pour certaines personnes, qui parfois voient en leur douleur une souffrance psychologique. Dans ma pratique professionnelle, je fais très attention à ne pas interpréter moi-même les douleurs de mes patients. Il m’est trop important de respecter la libre interprétation de chacun, pour son propre corps. Et encore une fois, reconnaître les facteurs émotionnels de la douleur ne doit jamais empêcher d’écouter les facteurs physiologiques liés à l’alimentation, la posture, la respiration, ou le mouvement. La douleur chronique est multifactorielle, et il est important de l’aborder de différentes manières, afin de comprendre sur quels paramètres jouer pour, lorsque c’est possible la soulager, mais surtout pour mieux vivre avec et maintenir les capacités corporelles.

Les dimensions physiologiques de la douleur chronique

Ces dimensions physiologiques concernent les facteurs habituellement traités dans les suivis de kinésithérapie. Il convient alors d’évaluer : 

– les facteurs posturaux en lien avec la douleur chronique

– les facteurs gestuels, comment la personne bouge et respire au quotidien

– les facteurs inflammatoires, quelle est la part de la douleur liée à l’inflammation chronique de l’organisme?

Car pour chacun de ces aspects, les techniques choisies ne seront pas les mêmes.

Le suivi en kinésithérapie du patient douloureux chronique est un suivi très personnalisé et complet qui inclut toutes ces dimensions. Les mouvements issus de la méthode Feldenkrais ainsi que les techniques d’intégration des réflexes archaïques offrent une approche très complète qui inclut toutes ces dimensions de la douleur chronique. Ces approches permettent un travail par le mouvement et le toucher qui agissent sur toutes les dimensions citées dans cet article : sensorielle, émotionnelle, et physiologiques de la douleur chronique. 

Les mouvements issus de la méthode Feldenkrais ont la particularité de pouvoir s’adapter à toutes les capacités motrices, et de pouvoir tout en douceur ramener confiance et mouvement aux personnes enfermées dans ce cercle vicieux de la douleur chronique.