La kinésithérapie avec les chevaux ou l’hippothérapie

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Dans cet article, je vais vous détailler tout ce que le contact avec les chevaux ou poneys peut apporter au suivi en kinésithérapie des enfants avec neuro atypies comme la paralysie cérébrale, les troubles de l’attention, ou les troubles du spectre de l’autisme.

Première partie d’une séance d’hippothérapie : approcher et s’occuper du cheval

 

L’hippothérapie, c’est comme l’équitation : cela ne concerne pas seulement cette phase de chevauchée… Avant de monter sur le cheval, un temps sera toujours consacré aux présentations, et à la prise de contact. 

Vous vous imaginez vous, être allongé sur une table, et quelqu’un surgit brusquement vous masser le dos sans se présenter? Même si vous connaissez cette personne, j’imagine que vous ressentez bien comment la prise de contact (l’entrée dans le cabinet, les rituels du bonjour, prenez place….) est importante avant de pouvoir confier votre dos en toute confiance. Le cheval: c’est pareil. Et cette phase est aussi important pour l’enfant que pour le poney.

A travers cette phase nous pouvons aussi « travailler » certains aspects comme :

– la prise de conscience des émotions, autant celles de l’enfant que celles du poney. « Tu n’oses pas le toucher par ce que tu as peur? » « regardes quand tu as gigotés, le cheval ça l’a surpris… »

– de présenter un cadre de sécurité qui s’impose de lui-même avec la présence du poney. Les enfants comprennent beaucoup mieux l’importance de respecter « des règles ».

– d’entrer en relation avec l’autre. Car certains enfants arrivent comme si ils allaient chevauché un ballon ou une moto en plastique…

Dans le déroulement de la séance d’hippothérapie, vient ensuite le temps du pansage.

« le pansage » est le mot utilisé pour cette phase pendant laquelle nous brossons le poney. Cette phase permet d’approfondir la prise de contact et les premiers éléments cités dans le premier paragraphe, mais aussi : 

La motricité, avec des gestes précis pour chaque brosse utilisée, des variations de pressions selon les parties du corps du cheval brossées…

L’énumération et la compréhension des parties du corps (le dos cheval et ton dos, les pieds du cheval et tes pieds….)

 

La sensorialité : c’est le moment de souffler dans les naseaux du cheval ou poney, de gratter, caresser, coiffer, chasser les mouches… Les enfants posent à ce moment là souvent pleins de questions sur le pipi / caca du cheval…

 

Avec ces deux phases, vous pouvez déjà comprendre que la séance d’hippothérapie agira sur les sphères motrices, sensorielles, émotionnelles, cognitives et comportementales de l’enfant. Mais ce n’est pas fini! Vient ensuite…

Deuxième partie d’une séance d’hippothérapie : diriger le cheval à pied

Avant de faire monter l’enfant sur le dos du poney, j’aime beaucoup lui apprendre à diriger son poney à pied. Selon les enfants, on pourra ajouter des obstacles à franchir, des directions plus précises, une visualisation dans l’espace plus développée… Cette phase à pied permet à l’enfant de continuer d’appréhender l’être avec lequel il est en relation, d’anticiper ses réactions, et d’apprendre à « s’imposer » dans l’espace du poney, tout en affirmant le respect et l’écoute de l’autre.

 

Nous pouvons alors travailler certains aspects purement moteur chez l’enfant (enjamber un obstacle, l’endurance, l’équilibre…) mais aussi la confiance en soi, l’ajustement des réactions toniques, l’expression, l’écoute de l’autre… Certains enfants vont par exemple avoir tendance à être très passif, et vont présenter des difficultés à choisir et affirmer la direction qu’ils souhaitent prendre. D’autres, vont partir dans tous les sens et le poney ne va pas comprendre… Les chevaux étant par nature très sensible au langage corporel des humains, ils vont spontanément refléter par leur comportement la clareté (ou non) de nos intensions de mouvement.

Cette phase de travail au sol va aussi aider l’enfant à mieux anticiper ce qui se passera sur le dos du cheval ou du poney.

 

Troisième partie de la séance d’hippothérapie : la chevauchée (facultative)

Comme je travaille avec des touts petits (à partir de 2 ans), cette phase n’a pas toujours lieu : c’est l’enfant qui choisi. PArfois le contact et les câlins avec l’animal suffisent. 

La phase de chevauchée est LA grande phase pour travailler tous les aspects moteurs, même chez un enfant qui ne marche pas encore :

 

– L’enfant apprend à monter tout seul sur le cheval, des deux côtés! Il peut si besoin utiliser un escabeau. Ce mouvement demande une grande amplitude en ouverture de hanche (abduction), et sollicite naturellement : une phase d’appui sur le membre inférieur au sol, une souplesse de l’autre côté, une dissociation du mouvement des membres inférieurs. Il m’arrive à certaines séances de répétés ce mouvements que l’enfant adore, et qui est très bénéfique pour la régulation du tonus des membres inférieurs.

– Les mouvements du cheval, même infime à l’arrêt apportent une multitude d’informations sensorielles kinesthésiques, vestibulaires, tactiles qui aident l’enfant à construire sa perception de la verticalité. 

– Le mouvement du pas amène une mobilisation douce du bassin de l’enfant, permettant d’inhiber la spasticité éventuelle, ou les dystonies, C’est un moment très favorable aux mobilisations passives, lorsque l’enfant en a besoin.

– Les changements d’allure, les transitions du pas à l’arrêt, et de l’arrêt au pas dés stabilise naturellement l’enfant, et l’invite à se « redresser » pour trouver son équilibre malgré le mouvement et les changements de vitesse et de direction. Je demande très rarement à l’enfant de se redresser activement et volontairement. Je préfère lui proposer pleins de petits exercices qui font qu’à la fin de la séance il se tienne mieux naturellement, sans vouloir « bien faire ».

– L’enfant peut réaliser pleins de mouvements au pas ou à l’arrêt, permettant de travailler tous les objectifs kinés (assouplir, renforcer, travailler l’équilibre et la coordination) mais dans un cadre beaucoup plus ludique et stimulant!

Quatrième partie de la séance d’hippothérapie : la descente et la fin de la séance

Une phase que l’enfant essaie la plus part du temps de retarder… Mais qui montre son intérêt et son enthousiasme pour ces séances. Et comme je leur dis souvent : Partir avec une envie de « encore » te permettra de continuer à trouver plein de plaisir à revenir!

 

Ces séances d’hippothérapie peuvent se dérouler à l’unité pour les enfants Ariégeois, ou au cours de séjours thérapeutiques. Ces deux possibilités peuvent être prise en charge par la MDPH sous présentation d’un devis.

Toutes les séances d’hippothérapie ont lieu en la présence de Dorine de Munick, monitrice BPJEPS équitation.

 

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